Ecrire

Pourquoi écrire ?…
Parce qu’écrire permet de « raconter des histoires » qui peuvent résonner chez l’autre… ?
Parce qu’écrire permet d’être « reconnu » de l’autre… ?
Parce qu’écrire a toujours fait partie de notre vie ?
Parce qu’écrire a commencé par un journal intime dans lequel le besoin de se confier était si fort… ?
Parce qu’écrire permet de « transmettre » à l’autre… ?

Au fond… pourquoi faudrait-il un pourquoi… ?
On écrit parce que ça nous traverse et qu’on n’y peut rien
On écrit parce que c’est ainsi
On écrit, comme on peint, comme on danse, comme on respire.
On écrit parce que les mots sont partout autour de nous, en nous, et qu’il nous suffit de les cueillir, de les poser, à notre façon, qui ne sera jamais identique à une autre.
On écrit… c’est tout….

On pourrait peut-être plutôt se poser la question : « pour qui écrit-on ? ». Et là, à mon sens, si la réponse qui vient dans un élan spontané est : « pour moi », peu importe alors si le « qui » ne nous lira jamais. Ce n’est vraiment pas le plus important. L’important étant d’être aligné avec cet élan premier.

Petits conseils d’écriture

Comment écrire est encore une autre question. Et là, loin de moi l’idée de venir apporter « les » conseils indispensables pour savoir bien écrire. J’en serais bien incapable. Une nouvelle fois, l’élan est là, d’évoquer simplement ce qui me guide dans ma propre expérience d’écriture. Vous trouverez par ailleurs sur le net une floraison de sites sur les techniques d’écriture particulièrement instructifs, je pense, pour l’élaboration d’un texte, d’une nouvelle ou d’un livre.

.

« Conseil » n° 1 :
avoir « envie » d’écrire

Cela peut paraître bête mais parfois l’envie devient « devoir » qui ne s’accorde plus avec l’élan du cœur. On se dit : « il faut que j’écrive » ou encore « je sens que j’ai besoin d’écrire » et l’on se met devant son ordinateur (ou son papier, c’est selon, mais enfin pour moi en tout cas, pour les corrections et les modifications il n’y a pas photo, c’est l’ordi). Du coup, on se retrouve devant sa page et on est parfois bien en peine de sortir le moindre mot. Ou alors, on tapote des bouts de phrases et on s’énerve en les relisant car elles semblent totalement confuses. L’énervement créé des tensions et plus les tensions se cristallisent, moins on parvient à écrire librement. 

Dans ces moments-là, faire des pauses devient nécessaire. Elles seront plus ou moins longues, parfois quelques heures, quelques jours, voire quelques semaines s’il le faut. Ces temps de repos évacueront le stress, lié au sentiment confus d’impuissance éprouvée à trouver les mots, à construire des phrases correctes, pour permettre de revenir ensuite avec enthousiasme.

De toute façon, lorsque l’on aime écrire, peu importe vraiment les ruptures momentanées, on y revient, c’est obligé. Quelque chose de plus grand que nous nous entraine inexorablement dans la danse des mots.

D’ailleurs, l’envie n’est pas quelque chose que l’on peut contrôler. Elle ne nous appartient pas. L’envie est là, ou pas. Le reconnaître est déjà un pas « libérateur », et puis… ce n’est pas pour autant que l’écriture ne se fait pas tout de même. Elle « travaille », à sa façon, au plus profond de nous, grandit, à sa façon… pour tout à coup jaillir à nouveau dans un élan créateur qui nous emporte tout entier avec lui.

« Conseil » n° 2 :
trouver un sujet d’écriture

Là encore, cela semble évident. Mais encore faut-il trouver un sujet qui nous parle vraiment. Outre le besoin d’être séduit(e) par une idée, il est important de la ressentir pleinement. Qu’elle soit même viscérale.  Le sujet d’écriture peut se trouver n’importe où. Il peut être lié à un concours littéraire dont le thème où quelques mots imposés font parfois jaillir un début d’histoire. Il peut être lié à un désir de dénoncer la violence, l’horreur, l’inimaginable… de célébrer l’amour, la douceur, la beauté. Il peut découler d’une situation vécue, d’une observation. Le monde fourmille d’occasions de mettre en mot ce qui nous interpelle. Une photo, un film, un livre, un article peuvent déclencher un sujet qui devient alors nécessité d’écrire. Je trouve les photos (et les peintures) particulièrement intéressantes. Car, figées dans l’immobilité, elles ouvrent un champ infini de mouvements.

Une fois que le sujet est là, les doigts peuvent alors courir sur les touches du clavier. Je m’arrête un instant pour une petite précision : je n’ai moi-même écrit à ce jour que des textes plus ou moins courts, je pense donc que pour l’écriture d’un livre ou dans un roman, il y a sans doute intérêt à élaborer un plan d’ « attaque ». Certains sites internet sont particulièrement bien conçus pour guider, si besoin, et apporter de précieux conseils d’écriture tels que : comment construire une histoire, modeler le profil de ses personnages… Je n’ai personnellement jamais écrit de romans, et concernant les nouvelles, j’avoue que seule l’idée première m’a toujours guidée. Le développement se fait de lui-même, des personnages apparaissent ou disparaissent en cours de route. Même l’histoire peut varier de l’idée première. Elle se révèle parfois dans l’inattendu. Quant à la forme, peu importe si elle n’est pas tip-top, le plus important à ce moment-là, c’est le fond. Et puis, des habitudes se forgent avec le temps. Chacun trouvera son propre rythme.

Une fois posés les mots, vient alors (pour moi en tout cas) le moment le plus « délicat » : la relecture.

« Conseil » n° 3 :
la relecture

Peut-être certaines personnes parviennent-elles à écrire impeccablement dès le premier jet. Tant mieux si c’est le cas. Je pense tout de même que le « travail » de l’écriture (concernant au moins les nouvelles et les romans) se trouve aussi beaucoup dans la relecture, la modification, la correction, autant que dans le lancé propre des mots. Sans doute ce lancé est-il la partie la plus facile puisqu’il part de l’élan créateur que l’on ne cherche pas à maîtriser. 

La phase de relecture est plus ou moins longue. Elle dépend sans doute des aptitudes de chacun. J’avoue que pour moi, elle me prend beaucoup de temps. Outre l’orthographe, la conjugaison et la construction des phrases auxquelles il est important d’être attentif, il faut également être vigilant sur la répétition des mots. Trouver des synonymes est primordial afin d’éviter d’alourdir le texte. Il existe fort heureusement, et pour ceux, comme moi, qui en ont parfois besoin, des outils sur internet permettant d’effectuer toutes les vérifications indispensables, qu’il s’agisse de l’orthographe, de la conjugaison, des synonymes…

Un bon moyen aussi pour avoir le regard le plus objectif possible sur la construction de l’histoire (est-elle cohérente, est-elle compréhensible par un regard extérieur, ai-je utilisé le bon mot, l’expression juste…) est de laisser reposer son texte plusieurs jours, sans y revenir. Cela permet d’avoir un œil presque neuf et de déceler plus facilement les coquilles, les tournures de phrases pas géniales, les fautes. C’est qu’à force d’avoir le nez dedans, on ne voit en fait plus très bien. Avoir du recul est donc essentiel.

Il reste aussi la possibilité de faire lire ses textes à un proche qui pourra peut-être apporter quelques repères sur des passages pour lui un peu confus.

L’utilisation de la ponctuation (virgule, point d’exclamation, trois petits points) est  également très importante. Mal placer une virgule peut déformer le sens d’une phrase.

Si vous en avez la possibilité (c’est vrai, pas toujours facile quand les pages s’accumulent), imprimez votre texte sur papier. Je trouve que le regard est différent sur des pages papiers par rapport à un texte en visuel sur écran informatique. Cela peut se faire en toute fin, quand vous sentez que celui-ci est quasi finalisé mais qu’il y a encore un petit je ne sais quoi qui vous titille.

« Conseil » n° 4 :
l’exigence

Un autre point pour moi essentiel : être exigeant envers soi-même. « Un peu » n’est pas suffisant. Pour ma part, il m’est impossible de me dire « bon, ça ira bien comme ça ». Etre exigeant suppose que vous ne lâcherez jamais l’affaire tant qu’un mot, une expression, une tournure de phrase ne soit pas pleinement en harmonie avec ce que vous souhaitiez vraiment dire. A ce stade, ça ne passe pas seulement par les règles de la langue française, mais par ce qui se chuchote tout au fond de vous et qui vous persécutera jusqu’à ce que, à force d’être « à l’écoute », (c’est-à-dire dans l’élan d’être « au plus juste »), les mots se placent parfaitement (et parfois même vous émerveillent). Ce n’est pas pour autant qu’un peu plus tard vous ne reviendrez pas dessus, histoire de fignoler. Mais il me semble que l’ « oeuvre » est « parfaite » (à notre propre regard, celui des autres n’a à ce moment-là aucune importance) quand, après plusieurs lectures et relectures, les mots ne souffrent d’aucun besoin de changement.

Conseil n° 4 bis :
L’EXIGENCE !

Oui, je sais, je me répète. Mais c’est parce qu’il faut être non pas seulement exigeant envers soi-même mais INFINIMENT exigeant.

Conseil n° 4 ter :
vous avez dit EXIGENCE ?

Allez, maintenant ça suffit. Je pense qu’on l’aura compris.

« Conseil » n° 5 :
condenser ses écrits

Très important ! L’élan est tellement libérateur qu’on a tendance à partir sur des kilomètres. Donc, une fois que le « pavé » a été posé, il s’agit de revenir dessus pour retirer tout ce qui n’est pas nécessaire. Pas facile mais indispensable.

Un très bon exercice s’il en est un pour apprendre à condenser : lancez-vous dans l’écriture de poésies (encore mieux : de haïkus). Sans aller jusqu’à vous obliger à respecter les règles de la poésie ou du haïku, parfois très compliquées, cela vous demandera une grande rigueur dans le choix des mots afin d’en utiliser le moins possible tout en conservant l’idée précise de ce que vous voulez dire.  De plus, faire de la poésie entraîne à la notion du rythme, du « mouvement »,  importante à mon sens. Cela permet de faire danser les mots, de leur donner une sorte de tempo et c’est très agréable pour les lecteurs qui prennent alors d’autant plus de plaisir à suivre l’histoire.

Vous pouvez aussi faire plusieurs petits exercices avec l’écriture d’histoires restreintes en nombre de signes. Je trouve que c’est vraiment intéressant. On réalise au fur et à mesure de l’ « élagage » comment on peut dire beaucoup avec peu de mots.

Certains concours littéraires d’ailleurs imposent un nombre limité de signes. C’est l’occasion idéale pour se tester. C’est le cas, par exemple, du concours « Dis-moi dix mots », organisé chaque année selon un thème précis, avec de un à dix mots imposés, véritable challenge. Je mets l’accent sur ce concours car, ayant eu l’occasion d’y participer quelque fois, je trouve que les mots fournis, dont certains ne sont parfois pas d’un usage très courant, demande un surcroit d’imagination. Quelques exemples de thèmes abordés, via le lien ci-dessous :

👉 Concours dis-moi dix mots

« Conseil » n° 6 :
lire des livres

Je pense que tous ceux qui aiment écrire aiment aussi lire. Mais on n’insistera jamais assez sur la nécessité de lire beaucoup. En lisant, cela conforte déjà le b.a.-ba de l’écriture : l’orthographe, la conjugaison, la grammaire.

Ensuite, cela permet de voir quel style nous parle, quel est celui qui résonne le plus en nous, nous donne l’envie intime de nous exprimer. Est-on plus attiré vers une écriture classique ? Apprécie-t-on les longues descriptions, les détails ? Aime-t-on plus particulièrement lorsque les mots semblent « chanter » ? Lorsqu’ils sont plus tournés vers le registre de l’émotion ? Cela nous aide d’autant plus à trouver notre propre écriture, celle qui permet de nous exprimer plus aisément et qui nous comble vraiment.

Il est aussi intéressant de ne pas rejeter en bloc les livres qui ne nous plaisent pas mais de s’y pencher pour analyser le pourquoi. Cela permet aussi d’établir les critères qu’on ne veut pas reproduire dans nos propres écrits.

Lire aide à se forger sa propre écriture.

« Conseil » n° 7 :
participer à des concours de nouvelles littéraires

Si vous avez envie de « percer » dans l’écriture, un bon moyen de savoir si vos textes sont « bons » et s’ils reflètent à l’extérieur ce que vous avez voulu écrire « à l’intérieur » est de participer à des concours littéraires. Par le biais d’internet, vous trouverez facilement tout un tas de concours. Libres ou à thème, vous pourrez sélectionner ceux qui vous intéressent. Soumis généralement à des contraintes de signes, cela vous oblige à écrire avec une longueur maximale, d’où la nécessité de savoir condenser. Le bémol, je trouve : dans la plupart des concours, seuls les lauréats sont annoncés et si vous ne faites pas partie de ceux-ci, vous n’avez aucune idée de la façon dont votre texte a été perçu ni s’il arrive juste derrière les tout premiers (ce qui est alors un  bel encourageant) ou carrément à la fin. Cependant, dans certains concours, il existe parfois une première sélection. Cela permet déjà de savoir si votre texte a retenu l’attention.

Il ne faut pas non plus oublier que l’on n’est pas tout seul à écrire. De nos jours, de plus en plus de personnes écrivent. Le choix doit être souvent bien difficile pour les membres des jury chargés de lire et de choisir.

Mais ce n’est pas parce que l’on n’a pas été sélectionné que notre écriture est mauvaise pour autant. Outre la nécessité de choisir un ou deux lauréats, il se peut aussi que le texte n’a tout simplement pas résonné chez ceux qui l’ont lu.

Et puis parfois de belles surprises peuvent aussi survenir.

Il existe également des ateliers d’écriture qui, grâce à la magie d’internet, permettent parfois (et de plus en plus d’ailleurs) d’y participer quelque soit l’endroit où vous vous trouvez. Ces ateliers se présentent sous diverses formes : en individuel avec un écrivain, un « coach » en écriture, en collectif via des associations ou organismes spécialisés.

« Conseil » n° 8 :
C’est vous qui savez

Dans tous les cas, et quelque soient les conseils que l’on peut vous donner sur le fond de vos écrits (les règles d’orthographe, de grammaire, conjugaison…, elles, étant inéluctablement soumises aux conditions de celles de la langue dans laquelle vous vous exprimez), au final : c’est toujours vous qui savez.
Ecouter l’élan de son coeur, encore et toujours, même si certains vous suggèrent une autre tournure de phrase, d’autres mots, d’autres expressions, mieux appropriés « à leur avis » et que cela ne correspond pas à votre « appel premier ». D’ailleurs, vous le savez très bien. Lorsque, à contrecoeur, vous cédez, que vous changez parfois ne serait-ce qu’un mot à votre écrit, celui-ci ne vous appartient déjà plus, et l’élan fait place alors à la nostalgie, à la tristesse de votre « paradis perdu ».

Vous trouvez que j’y vais un peu fort ? Regardez bien, dans ces moments-là, ce qui se passe en vous…

Ecrire
vu par certains auteurs

Voici ce qu’en dit Stephen King :

« Le but de l’écriture n’est pas de faire de l’argent, de devenir célèbre, de décrocher des rendez-vous, s’envoyer en l’air ou se faire des amis. Finalement, il s’agit d’enrichir les vies de ceux qui liront votre œuvre, et d’enrichir aussi votre propre vie… J’ai écrit pour la simple joie de la chose. Et si vous le faites pour la joie, vous pouvez le faire pour toujours »

..

Un texte de Rainer Maria Rilke dans son livre « Lettres à un jeune poète » :

« Vous demandez si vos vers sont bons. Vous me le demandez. Vous l’avez déjà demandé à d’autres. Vous les comparez à d’autres poèmes et vous vous inquiétez si certaines rédactions refusent vos tentatives. Hé bien (puisque vous  m’avez autorisé à vous conseiller) je vous prie de renoncer à tout cela. Vous regardez vers le dehors , et c’est là précisément ce que vous ne devriez pas faire aujourd’hui. Personne ne peut vous conseiller, ni vous aider, personne. Il n’est qu’un seul moyen. Rentrez en vous-même. Cherchez la raison qui, au fond, vous commande d’écrire ; examinez si elle déploie ses racines jusqu’au lieu le plus profond de votre cœur…« 

« Décrivez vos tristesses et vos désirs, les pensées passagères, la foi en une beauté, décrivez tout cela avec une probité profonde, calme, humble, et utilisez, pour vous exprimer, les choses qui vous entourent, les images de vos rêves, et les objets de votre mémoire. Si votre quotidien vous parait pauvre, ne l’accusez pas ; accusez-vous vous-même de n’être pas assez poète, pour en appeler à vous toutes les richesses ; car pour le créateur il n’y a pas de pauvreté.« 

Laisser un commentaire